L'on n’est guère bavard du côté des
Finances fédérales. Cela va-t-il si mal ?
Laisse-t-on pourrir le problème ? L’équipe
pentapartite gouvernementale se
désintéresse-t-elle de la récession ? Est-elle
partisane de la méthode Coué : tout va très
bien... ? L’autosuggestion.
Nous opterions pour un pourrissement
de la situation de façon à provoquer des
élections législatives en automne. N’oublions
pas que l’axe CD&V/NV-A est sorti renforcé des
élections régionales du 7 juin 2009.
Un petit retour en arrière.
Remémorons-nous les quelques déclarations de
personnalités.
Le secrétaire d’Etat au Budget,
Melchior Wathelet, CDH, n’est guère loquace :
« Nous avons adopté un plan de relance, pour
tenter de limiter au maximum les effets de la
crise pour le citoyen... Ce serait de la folie
d’en faire davantage vu le contexte
budgétaire... ».
Le Premier ministre, Herman Van Rompuy,
CD&V, masque le malaise qui plombe la majorité
gouvernementale : « Si nous n’en faisons pas
davantage, c’est pour ne pas dépenser davantage.
L’immobilisme apparent procède en fait d’une
politique prudente et raisonnable ».
En fait, le gouvernement se tâte. Ivan
Van de Cloot, économiste en chef du Centre de
réflexion Itinera, observe : « Le gouvernement
table encore pour son budget sur une baisse du
PIB de 1,9 % cette année. Mais dans ses
prévisions, le FMI avance plutôt le double, soit
3,8 % ».
Se voiler la face ! La non-prise en
compte de la réalité ! Ne pas heurter
l’électeur ! Duper le citoyen ! Le gouvernement
fédéral attend que les élections régionales
soient passées. Mais, la « temporisation »
politicienne du gouvernement a énervé la
Commission européenne. Le Commissaire aux
Affaires économiques, Joaquin Almunia, sermonne
la Belgique pour une transmission tardive du
budget – six mois de retard – et le recale pour
un manque d’informations : « Très, très peu
d’information ont été incluses ».
Les élections sont passées. Nous
sommes le 25 juin 2009, Herman Van Rompuy, CD&V,
Premier ministre, veut accélérer la confection
d’un budget pluriannuel 2010-2011. Un budget de
deux ans. Il presse les entités fédérées à lui
communiquer des chiffres ; il est lui-même sous
la pression de la Commission européenne. A la
Chambre des Représentants, il déclare : « Cela
n’a rien à voir avec un diktat du fédéral, mais
il n’y a pas de place pour un fédéralisme
d’opposition, il y a va de notre bien-être à
tous ».
Les données budgétaires des entités
fédérées et de la Communauté française ne sont
pas enthousiasmantes. Bien au contraire.
Glaciales. Didier Reynders, MR, ministre des
Finances – le MR ne fera pas partie des
gouvernements bruxellois, wallon et de la
Communauté française – boit du petit lait ! Il
interpelle les gouvernements fédérés et les
presse de contribuer à l’effort budgétaire
commun. Et il réclame de lourds sacrifices aux
Régions.
On avance des déficits budgétaires
2009 qui donnent le tournis : 200 à 400 millions
d’euros pour la Région bruxelloise, 220 millions
d’euros pour la Région wallonne, 511 millions
d’euros pour la Communauté française, 1,9
milliard d’euros pour la Région flamande. A
ajouter les accommodements communautaires qui
découleront d’un « accord de coopération » entre
gouvernement fédéral et entités fédérées. Ce qui
ne sera pas chose aisée avec l’arrivée de la
NV-A dans le gouvernement régional flamand. Et
Ecolo remet une couche avec son « durable ».
Fermons les yeux et bouchons les
oreilles pour 2010. Abyssaux. De lourds nuages
noirs, chargés de glaçons, s’amoncellent
au-dessus du gouvernement fédéral ! C’est-à-dire
au-dessus de nos têtes !
D’emblée, Elio Di Rupo, PS,
député-bourgmestre, président du PS, agite ses
banderilles : « Je suis tenté de dire qu’il
faudra faire le minimum minimorum. Mais je suis
lucide : tout le monde devra accomplir des
efforts, mais de façon très modérée vu la
situation qui est la nôtre ». Par tout le monde,
il vise notamment les bénéficiaires des intérêts
notionnels. Il tourne son regard vers le MR
Charles Picqué, PS, ministre-président
pressenti du gouvernement bruxellois, pose ses
balises en raison des charges particulières que
la Région de Bruxelles doit assumer : « A un
moment donné, il sera peut-être question d’une
diminution des dépenses à Bruxelles, mais
faut-il que Bruxelles soit plus sanctionnée que
les autres alors qu’elle assume les charges de
capitale nationale et internationale (et de la
Flandre, Ndlr) et qu’elle est moins bien
financée ? Ou bien, elle reçoit un financement
plus important – mais c’est un vaste débat – ou,
pour le court terme, on l’autorise à s’écarter
un peu des trajectoires imposées aux entités
fédérées ».
Pour ne pas être en reste, Melchior
Wathelet, CDH, secrétaire d’Etat au Budget, fixe
l’effort budgétaire global d’ici 2015 à quelque
20 milliards d’euros à entamer dès le budget
bisannuel 2010-2011. Il prévient que tout le
monde contribuera : les entités fédérées, les
pouvoirs locaux, les citoyens.
On est prévenu. Sombres, sombres les
journées de septembre ! Dures, dures, seront les
années 2009, 2010 et 2011 ! Car tous ces
chiffres négatifs n’augurent rien de bon. Pour
faire passer la pilule, il nous est administré
une recette de grand-mère : le gargarisme avec
l’éthique et le durable ! Et après l’effort,
nous dit-on, plus belle sera la vie !
Mais au fait, les parlementaires et
mandataires à tous les niveaux se serreront-ils
la ceinture : plus de voiture de fonction, plus
de chauffeur, plus d’attachés de Cabinet, plus
de secrétaire particulière, plus d’avantages...
Une redistribution des mandats…La question
mérite d’être posée ! Mais derrière ces
restrictions de toute nature, il y a des emplois
qui seront supprimés. Cela mérite aussi une
profonde réflexion. Aux drames existants
n’ajoutons pas un autre drame. Cultivons la
valeur de la solidarité.
Raymond Watrice
Secrétaire de la Ligue
wallonne de la Région de Bruxelles
Pour info :
info@liguewallonnebruxelles.be |